mercredi 1 août 2012

Faut-il Privilégier le médicament breveté ou le médicament générique?

Parmi les inventions concernées par la protection, il existe les médicaments. 
En effet l’obtention d’un médicament est tributaire d’une Recherche/Développement réalisée dans des laboratoires ressemblant à des forteresses à la manière militaire, notamment sur le plan de l’accès, la circulation des personnes et de l’information, la conservation et la gestion de la documentation etc. Avec l’obtention d’une molécule, la première pensée du ou des chercheurs est la protection de cette molécule.
Le mode de protection de la molécule est le dépôt en vue de l’obtention d’un brevet d’invention.
On assiste, alors à la naissance de l’exclusivité de l’exploitation de l’invention, c'est-à-dire, la molécule ou en jargon familier, le médicament.
Cette exclusivité est valable pendant toute la durée de protection qui est d’un maximum de vingt ans.
Comme la mise en exploitation d’une molécule sur le plan industriel demande beaucoup de temps, estimé à environ 10 ans, le bénéfice tiré de l’exploitation de l’invention devient limité à 10 ans.
C’est pour cela que le prix du médicament issu d’une molécule brevetée, est souvent élevé et le restera pour un bon bout de temps.
Par ailleurs, à la fin des 20 ans de protection, l’invention devient accessible à toute personne souhaitant son industrialisation et sa commercialisation. En d’autres termes l’interdiction devient levée. Désormais on parle de brevets tombés dans le domaine public.
Quand il s’agit de molécules servant de base pour la fabrication d’un médicament, on parle alors de génériques.
Le générique ou le médicament générique est une copie du médicament breveté et fabriqué en général par d’autres laboratoires.
Le médicament générique n’est pas un médicament de seconde gamme puisqu’il comporte les mêmes propriétés du médicament breveté et doit se diffuser dans le corps humain avec la même rapidité que le médicament breveté.
Le médicament générique a l’avantage de coûter moins cher au consommateur et ce, parce que les laboratoires qui le fabriquent n’engagent pas les mêmes frais que pour un laboratoire détenteur d’une invention brevetée.
Le médicament générique est moins cher, en général de 30% et se commercialise sous une autre dénomination qui est, en général, proche de la dénomination de la substance active.
Si certains médicaments génériques n’offrent pas la même efficacité comme l’affirment certains, c’est tout simplement parce que le dosage à l’échelle de la fabrication des comprimés ou des gélules, n’a pas été respecté, le but étant un gain plus important pour le fabricant.
Ce sont les organismes de contrôle des médicaments qui sont entièrement responsables et doivent être plus sévères vis-à-vis des médicaments génériques.
Le contrôle, notamment au niveau des dosages, pour les médicaments brevetés ne devrait pas constituer un souci, les laboratoires détenteurs des droits, assurant eux-mêmes le dit contrôle, car il y va de leur image de marque face à la rude concurrence.
Il faut signaler que les médicaments génériques ont été, à plusieurs reprises, la cible des critiques. Certains disent que les médicaments génériques ne sont pas des copies conformes, d’autres disent que ce sont des frères mais ne sont pas les jumeaux des originaux, d’autres vont jusqu’à désavouer l’efficacité des médicaments génériques.
L’académicien français Charles-Joël Menkès soutient « qu’un générique contient obligatoirement la même molécule active que le princeps, c'est-à-dire le produit de référence. Mais il peut être fabriqué avec des excipients différents (ce qui donne le goût, la couleur et la consistance au médicament) et présenté sous diverses formes (gélules, sirop, etc.). « Or, les excipients ne sont pas neutres, décrypte le professeur Charles-Joël Menkès, membre de l'Académie de médecine. Certains peuvent être allergisants, comme l'arachide. De même, le goût d'un produit, tout comme le conditionnement, peuvent avoir une influence sur la bonne conduite d'un traitement, notamment chez les enfants et les personnes âgées »

Ce qui inquiète c’est « la substitution des médicaments que l'on appelle à marge étroite, pour lesquels toute variation de concentration, même légère — parce que le produit est mal pris ou conditionné différemment — peut compromettre le traitement et entraîner des effets indésirables », selon l'académicien. C'est le cas, des antiépileptiques, des anticoagulants, des hypoglycémiants, de la thyroxine, ainsi que de certains antibiotiques et médicaments à visée cardiologique. « Dans la plupart des cas, insiste l’académicien, les génériques ne posent aucun problème. » 
Peut-on les refuser? C'est votre médecin qui décide si votre médicament est non substituable. Toutefois, si vous ressentez des effets secondaires inhabituels après la prise d'un générique, n'hésitez pas à lui en parler. C'est grâce à ces retours que les médecins ont décidé de ne plus substituer la thyroxine (Lévothyrox) par exemple. 
Il ne faut pas oublier que certaines critiques ont des dessous liés au marketing de certains produits dans la mesure où on veut sauvegarder l’image du médicament breveté, même après la perte de l’exclusivité « intérêt oblige »

Malgré tout il faut encourager la fabrication et l’importation de médicaments génériques, parce qu’elles allègent les dépenses publiques, diminuent en bonne partie la sortie des devises et profitent surtout au citoyen quant à sa bourse. Ceci est fort valable dans les pays en voie de développement.

3 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour cet article !

    Les pays en développement et la Tunisie en particulier a t elle bénéficié de dérogation vis à vis de la protection des brevets des substances actives (Type de dérogation ? Période ? Réglementation internationale permettant cette dérogation ? Application au niveau nationale ? ...)

    Peut on consulter les brevets des substances actives déposés en Tunisie ? Si oui selon quelle procédure ? auprès de quel organisme : INORPI ? Est ce gratuit ?

    Enfin, Existe t il des brevets qui couvrent plusieurs pays dont la Tunisie ?

    Merci d'avance pour vos réponse,

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je vous prie de préciser votre première question relative à la dérogation. Que voulez-vous dire par dérogation.
      Dérogation par rapport à quoi?
      On peut consulter tous les brevets et non pas uniquement ceux des substances actives. C'est gratuit et sur place à l'INNORPI. Cependant la consultation concerne les demandes de brevets publiés sur l'organe officiel MUWASSAFAT
      Il existe des brevets que nous appelons PCT c'est à dire les brevets dont le dépôt s'est fait en respectant les règles du PCT qui n'est autre qu'un outil juridique permettant la protection d'une invention, par le moyen d'un dépôt unique, dans plusieurs pays en même temps. (Patent Cooperation Treaty)

      Supprimer
  2. Encore MERCI pour votre réponse.

    Je faisais référence aux accords sur les ADPIC !

    En ce qui concerne les brevets des produits pharmaceutiques, les pays en développement qui n'accordaient pas de protection au 1er janvier 2000 avaient un délai supplémentaire allant jusqu'au 1er janvier 2005 pour la mettre en place...

    Je voulais avoir des précisions sur le Cas 'Tunisie'...

    Merci d'avance,

    RépondreSupprimer